La Grande Compassion
Deuxième Précepte
Tsongkhapa, avec cet aperçu intime, nous demande de nous souvenir et d’imaginer combien les membres de la famille et les meilleurs amis ont pris soin de nous à travers des vies innombrables.
His Holiness the Dalai Lama playfully greeting young Tibetan students in the courtyard of the Main Tibetan Temple gathered to celebrate Vesak, a day honoring the birth, enlightenment, and passing of Buddha in Dharamsala, HP, India on May 21, 2016. Photo/Tenzin Choejor/OHHDL www.dalailama.com
*** Mahayana
*** Niveau Avancé
ÊTRE CONSCIENT DE LEUR BONTÉ
Cette partie sur le développement de la compassion sert à renforcer le sentiment d’intimité par la réflexion sur la bonté de chacun, dans son rôle de parent nourricier. Remémorez-vous comment votre mère, ou une autre personne, vous a protégé et nourri avec bonté au cours de l’enfance et de l’adolescence. Pensez aux soins attentifs fournis à leur progéniture par les oiseaux et les mammifères. C’est incroyable, même les insectes agissent ainsi.
Puisque les animaux nouveaux-nés demandent soins et nourriture durant des semaines, des mois et parfois des années, l’affection s’installe naturellement entre la progéniture et l’être nourricier. Les animaux qui tètent ses mamelles créent un sentiment d’intimité et d’affection envers leur mère. Et la mère développe les mêmes inclinations pour sa progéniture. Sans affection, elle ne pourrait prendre soin de ses enfants. Des critères biologiques renforcent aussi ce rapprochement.
Malgré tout, certains êtres vivants comme les tortues ou les papillons n’ont pas ce type de relation mère-enfant. La mère pond ses œufs et les abandonne; le jeune papillon doit subvenir à ses besoins. C’est une caractéristique de la nature, et il est clair que la mère tortue et son enfant, s’ils se rencontrent plus tard, ne manifestent aucune affection l’un envers l’autre.
Je viens de faire référence à des aspects purement biologiques, et non spirituels. Un être vivant qui dépend d’un autre développe un sentiment d’affection. Puisque les humains sont dans ce cas, l’affection se forge entre la mère et l’enfant. Tsongkhapa décrit de telles relations ainsi :
Dans son rôle de mère, elle vous protège des dangers, et vous procure des bienfaits et du bonheur. Dans cette vie, en particulier, elle vous a élevé inlassablement comme elle a pu : elle vous a porté dans son corps durant des mois. Puis, elle a blotti le nouveau-né sans défense que vous étiez contre elle pour le réchauffer et l’a bercé tendrement dans ses bras. Elle vous a allaité d’une nourriture diététique en vous donnant le sein, nettoyé les glaires de votre nez ou vos matières fécales.
Assoiffé et affamé, elle vous a nourri. Contre le froid, elle vous a habillé. Alors que vous n’aviez rien, elle vous a pourvu du nécessaire. Malade, souffrant, confronté à la mort, votre mère était là, ayant fait le choix, au plus profond d’elle-même, de se sacrifier pour vous, préférant être malade ou mourir à votre place. En agissant avec une telle force de conviction, elle a fait ce qu’il faut pour soulager vos maux.
Tsongkhapa, avec cet aperçu intime, nous demande de nous souvenir et d’imaginer combien les membres de la famille et les meilleurs amis ont pris soin de nous à travers des vies innombrables.
De nombreuses prières tibétaines comportent une salutation « à toutes nos mères, les êtres vivants ». Ces enseignements sont répandus au Tibet. Depuis l’enfance, nous nous habituons à certaines formules qui nous proposent une manière spécifique de voir les autres et qui suscitent de la bienveillance envers eux. Ce contexte nous aide, lorsque sont abordés les enseignements sur l’amour, la compassion et la motivation altruiste à atteindre l’éveil. Nous nous appliquons à les réaliser. C’est un mérite de la culture tibétaine.
Méditation contemplative
1. Remettez-vous en mémoire comment une mère ou une personne nourricière élève son enfant, qu’elle soit animal ou humain.
2. Mesurez comment un enfant – humain ou animal – place son destin entre les mains de la personne nourricière et lui donne son affection.
3. Réfléchissez à cette situation jusqu’à l’émergence d’un sentiment profond.
4. Prenez conscience que vos amis, à certaines périodes de ces vies innombrables, vous ont élevé de cette manière, vous reconnaissez alors leur bonté.
5. Prenez conscience que des personnes neutres, à certaines périodes de ces vies innombrables, vous ont élevé de cette manière, vous reconnaissez alors leur bonté.
6. Prenez conscience que vos ennemis, à certaines périodes de ces vies innombrables, vous ont élevé de cette manière, vous reconnaissez alors leur bonté.
En suivant cette méthode réflexive, vous prenez conscience progressivement des actes personnels de bonté que les êtres vivants ont eus envers vous.
Sa Sainteté le Dalai-Lama